
Dans le cadre des commémorations des 80 ans de la libération de la poche de Colmar, l'association de reconstitution Alsace-Lorraine 1930-1940, dont je fais partie, a organisé un événement au cœur du village de Houssen, situé à quelques kilomètres au nord de Colmar.
A cette occasion le centre du village a été replongé en 1945, à grand renfort de panneaux et véhicules civils anciens et campements reconstitués dans les cours des fermes.
De nombreuses unités étaient représentées au cours de cette reconstitution historique, notamment:
- Le Bataillon de Choc
- La Brigade légère du Languedoc
- Le 1er cuirassiers
- Les AFAT de la 9eme DIC
Notre groupe représentait le RMLE, Régiment de Marche de la Légion Etrangère, et à ce titre j'ai effectué en amont de la sortie quelques recherches, que je reprends ici.
Le Régiment de marche de la légion étrangère

Le 1er juillet 1943, le 3e REIM (Régiment Etranger d'Infanterie de Marche), entièrement équipé à l'américaine, redevient le RMLE. Il est « sur le pied » américain, c'est-à-dire « ternaire » (3 Bataillons à 3 Compagnies). Il devient le régiment porté de la 5e DB.
Le RMLE mettra 14 mois pour être prêt, entièrement équipé et armé par les Etats-Unis et pour recevoir l'ensemble de ses véhicules. A Camerone 1944, il est « sur pied ».
- Chef de corps Colonel Gentis
- I/RMLE : Commandant Daigny (affecté au CC5)
- II/RMLE : Commandant Charton (affecté au CC4)
- III/RMLE : Commandant Boulanger (affecté au CC6)
Le défilé de Camerone 1944 à Sidi bel Abbès:
La remontée vers L'Alsace
Texte repris du site: L'Amicale des Anciens de la Légion Etrangère
Les 14 et 20 septembre 1944, les 3 bataillons débarquent près de Saint-Raphaël, sur la plage de Dramont.
BELFORT- novembre 1944 :
Du 15 novembre au 13 décembre, les bataillons du RMLE participent avec les différents Combat Command de la 5e DB aux opérations de la trouée de Belfort. La 3e Compagnie du I/RMLE est décimée à Montreux-Château tandis que des éléments de la 7e Compagnie (I/RMLE) s'illustrent près de Delle où elle neutralise une compagnie allemande.
En six semaines d’engagements quasi ininterrompus, le RMLE a perdu un millier d’hommes, quarante officiers tués ou blessés.
La poche de Colmar
Jebsheim
Le Régiment est engagé avec la 5e DB à partir du 22 janvier 1945 dans la contre-attaque décidée par le Général de Lattre pour soulager Strasbourg. Le RMLE du lieutenant-colonel Louis Gaultier et le 1er REC du colonel Roger Miquel opèrent dans le cadre de la 5e DB du général Henri de Vernejoul avec les trois CC vers Ribeauvillé. Les éléments du RMLE opèrent à partir du sud, sur un front de 25 km entre Mulhouse et les Vosges. Dans un premier temps, le CC4 marche avec la 3e DIUS, démarrant au sud de Sélestat.
- Le 1er bataillon (I/RMLE) du commandant Daigny est affecté au CC5 aux ordres du colonel Mozart.
- Le 2e bataillon (II/RMLE) du commandant de Chambost marche avec le CC4 du général Guy Schlesser.
- Le 3e bataillon (III/RMLE) du commandant Boulanger, appartient au CC6 du colonel Boutaud de Lavilleon.
Le CC6 est engagé avec le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes à Jebsheim au cours de combats très violents (N-E de Colmar) du 25 au 30 janvier.
Le 25 janvier, le 1er RCP enlève Jebsheim, avec le 254e RIUS, après de rudes combats; 300 parachutistes sont tués et autant d’Américains. Le 3e bataillon du RMLE du commandant Boulanger et son détachement éclaireur du 1er REC se battent ensuite pendant trois jours pour nettoyer Jebsheim des soldats allemands qui résistent jusqu’à la mort : maison par maison, les légionnaires de la 9e compagnie du capitaine Masselot doivent neutraliser un par un les fanatiques défenseurs. ‘’Chaque immeuble est une redoute, chaque soupirail cache un Panzerfaust’’.
Le 29 janvier, la 9e compagnie du RMLE dont l’encadrement est constitué par le capitaine Masselot et les adjudants Mobmeyer et Mertens, atteint enfin le carrefour sud du village de Jebsheim que bordent aussi par l’ouest les Américains de la 3e D.I. U.S.
Le 30 janvier, à la demande des Américains, légionnaires du RMLE et parachutistes du 1er RCP lancent en commun un ultime assaut qui a enfin raison des dernières résistances du Gebirgs-Régiment 136 et des Jagdpanthers du 525e groupe de chasseurs de chars. Le capitaine Georges Gufflet, commandant la 10e compagnie est tué, et tous ses chefs de section sont blessés. La prise de Jebsheim est l’un des épisodes les plus dramatiques de cette bataille avec de terribles combats de rue. 500 cadavres ennemis sont dénombrés, outre le millier de prisonniers, pour la plupart blessés. Les sacrifices du RMLE ont permis de couvrir efficacement la manœuvre des autres corps sur Colmar.
colmar

Le 31 janvier, affaibli par de lourdes pertes, le III/RMLE doit être relevé. Le CC5 prend le relais afin de poursuivre sur Durrenentzen et le Rhin. Dans ces actions, la 13e DBLE et le RMLE n’agissent évidemment pas seuls. Ils s’intègrent au cœur, et très souvent en tête, de cet ensemble franco-américain qui pousse vers Neuf-Brisach et Colmar.
Le CC4, après avoir travaillé à Orbey avec la 3e DIUS, est affecté à la 28e DIUS du général Norman D. Cota. La 28e DIUS perce immédiatement au nord de Colmar.
Le 31 janvier au soir, Colmar est largement débordé, par l’est, par le 21e CA US et, au nord, le 2e CA français a atteint le Rhin.
Au sud-ouest, le CC5 attaque en direction de Neuf-Brisach et du Rhin. Un escadron du 1er REC investit la vieille citadelle de Vauban. Au sud, le CC4 avec le 2e bataillon du RMLE fait route en direction d’Andolsheim.
La 1ère DMI parvient à s’emparer de Marckolsheim au-delà du canal et la tenaille est suffisamment refermée sur Colmar pour qu’il soit possible de songer à prendre la ville.
Le général de Lattre de Tassigny décide alors de lancer l’assaut final sur Colmar.
Le CC4 est fractionné en trois sous-groupements :
- Le sous-groupement A, du lieutenant-colonel Du Breuil, comprend le 1er escadron de chars légers (capitaine Bouchard), le 3e escadron de chars moyens (capitaine Gauthier) du 1er Régiment de Cuirassiers, et la 5e compagnie (capitaine Boret) du RMLE.
- Le sous-groupement B, du chef d’escadron de Préval, réunit le 4e escadron de chars moyens (capitaine Dorance) du 1er Régiment de Cuirassiers et la 6e compagnie (capitaine Simonet) du RMLE.
- Le sous-groupement C, aux ordres du chef de bataillon de Chambost, est constitué par le 4e escadron de chars moyens (capitaine Guibert) du 1er Régiment de Cuirassiers, la 7e compagnie (lieutenant Hallo, suite à la blessure du capitaine Grange) et la compagnie d’accompagnement (capitaine Carayon) du RMLE.
Chaque sous-groupement dispose également d’un peloton du 3e escadron (capitaine Boileau) du 1er REC avec des automitrailleuses de reconnaissance, d’un peloton du 3e escadron (capitaine Chaumel) du 11e Régiment de Chasseurs d’Afrique avec des tanks destroyers, et d’une section de la 2e compagnie (lieutenant Salvat) du 36e Génie.

Le 1er février à 15 heures, le général Schlesser est convoqué au PC du général Milburn qui lui demande sa conception de l’opération. Les éléments avancés du CC seront le soir même à 15 km au sud-est de Colmar, séparés de la ville par le cours de l’Ill dont le franchissement sera difficile. Pour le général Schlesser, l’opération consiste à maintenir une puissante pression devant Sundhoffen pour attirer au sud-est de Colmar les réserves de l’ennemi et lui faire croire à la volonté de franchir l’Ill en tentant de lancer un pont dans cette région, pendant que le CC4, tous moyens rassemblés se décrochera rapidement et dans le secret (au cours de la nuit) et du sud-est se portera en plein nord de Colmar, attaquera du nord au sud, fera irruption dans la ville et interdira le débouché des routes venant de l’ouest et du sud.

Dans la nuit du 1er au 2 février, après s’être emparé d’Horbourg, le CC4 remonte sur Colmar tous feux éteints, parcourt 30 km par une nuit noire sur des chemins encombrés, verglacés, chargés de neige, franchit le canal de Colmar, l’Ill et la Fecht sur des ponts glissants, pour rejoindre sa base d’assaut à Houssen, au nord de l’agglomération. A l’aube, toutes les unités sont en place. Le CC4 est prêt à bondir sur Colmar.
Le 2 février, Français et Américains peuvent charger de front pour entrer dans la ville.

Le 109th Infantry Regiment passe à l’attaque. Cependant, à l’est de la route de Strasbourg, la résistance reste farouche. Des chars allemands sont signalés vers le cimetière et toute progression de l’infanterie dans cette direction est impossible. Arrivé aux lisières de la ville, le 109th RIUS doit s’effacer et laisser au CC4 l’honneur d’entrer dans Colmar.
Les équipages du CC4, extrêmement fatigués (ils n’ont eu le temps, ni de dormir, ni même de prendre la moindre nourriture), sont freinés par le fossé antichars.

Vers 9 heures 30, un trou est enfin découvert dans le dispositif antichar. Le peloton du lieutenant de Courson, qui est en tête, trouve, en se rapprochant de la route nationale 83, un chemin de terre bordant les excavations pleines d’eau d’une gravière et mal obstrué par la défense ennemie ; par la route des Carlovingiens, il atteint la route de Strasbourg en évitant les barricades et les obstacles construits à l’entrée nord de Colmar. Mais peu avant la caserne Macker, les chars de tête du sous-groupement B se heurtent à une très vive résistance allemande mais le commandant de Préval met toute son énergie et sa hardiesse pour que son sous-groupement reprenne, à toute vitesse, le mouvement en avant.
Derrière lui, le sous-groupement C du commandant de Chambost, qui a rejoint la route de Strasbourg par la rue des Belges, rencontre lui aussi du dur.
Le sous-groupement A du lieutenant-colonel du Breuil s’engage à son tour dans la brèche.
Le sous-groupement C assure sa sécurité jusqu’au sud du canal (Brennbächlein) en gardant toutes les issues de la route de Strasbourg avant de nettoyer la caserne Lacarre.

A 11 heures 15, les premiers chars du sous-groupement B du commandant de Préval débouchent place Rapp : le premier char du CC4 à entrer dans la ville est un char de la Légion. Les légionnaires du III/RMLE suivent dans la foulée. Colmar est libéré mais les combats continuent.
A 12 heures 30, le sous-groupement B atteint son objectif à l’est de Wintzenheim.
A 13 heures, il s’engage alors des combats singuliers contre quelques lots de résistance, menés par de petits groupes de légionnaires, à la mitraillette, à la grenade. Sur la plage arrière du premier char entré dans la ville, les quatre hommes de protection sont tués par les snipers allemands.
Ailleurs, c’est un groupe qui appelle par radio : il est cerné par une quarantaine d’Allemands. Un half-track fonce et le dégage.
Plus loin, c’est le sous-officier Bruneau qui, guidé par un civil de Colmar, contourne avec son char un pâté de maisons pour réduire un nid de résistance. Il est tiré 2 fois au Panzerfaust, 2 fois manqué.
La colonne du lieutenant-colonel Du Breuil défile en trombe, après avoir traversé la ville, elle dépasse le sous-groupement B qui a atteint son objectif.

A 16 heures 30, le sous-groupement conquiert Wintzenheim où il fait de nombreux prisonniers.
Vers 17 heures, dans la ville enfiévrée, le combat se tait. Toute résistance cesse cependant qu’au clocher de l’Hôtel de ville de Colmar montent les trois couleurs.
Colmar libérée se tapisse de drapeaux, une fois relevés les blessés et les morts, sept cents légionnaires en tout sont capables de se tenir debout pour participer aux festivités.

Suite à la libération de la poche de Colmar, le RMLE passera par Oberhausbergen, à côté de Strasbourg, comme le prouve cet imprimé retrouvé en brocante. Il est annoté sur la couverture le texte suivant:
"A Monsieur Diebolt, maire de Oberhausbergen.
En témoignage de remerciements pour le cordial accueil réservé au bataillon par la population.
Le chef de bataillon Boulanger, commandant du 3ème Bataillon du Régiment de Marche la Légion Etrangère.
Oberhausbergen le 1er mars 1945"
la tenue du legionnaire
Vous voulez représenter un soldat du RMLE à votre prochaine sortie, ou tout simplement faire un mannequin pour votre collection? Voila la liste de ce dont vous avez besoin - et comme d'habitude, je vous conseille de privilégier le "tout copie" pour vos sorties!

Vêtements:
- Képi et couvre képi blanc
- Veste Field Jacket modèle 1941
- Capote US
- Chemise en laine US
- Pull: jersey français modèle 1940, 1936, du commerce
- Pantalon en laine US
- Brodequins US ou modèle 1917 Français
- Guêtres US
- Gants, écharpes: civils et/ou militaire

Equipements:
- Ceinturon cartouchières US (modèle première et seconde guerre)
- Ceinturon modèle 1936
- Brelage modèle 1936 US
- Gourde US, quart et housse
- Pochette à pansement
- Porte chargeurs d'USM1
- Casque USM1 (neutre ou avec un drapeau tricolore sur les côtés)

Armement:
- US 1917 et baïonnette d'US17
- Springfield 1903 et baïonnette modèle 1905 US
- USM1
- Thompson
- Colt 1911 (officiers et chefs de pièces)
- Poignard M3

L'officier: les équipements spécifiques
- Boussole US et pochette à boussole
- Porte-cartes modèle 1938 US
- Porte chargeurs pour Colt 1911
- Holster en cuir US pour Colt 1911
Gaston Ladalle
Sources: Légion étrangère, L'Amicale des Anciens de la Légion Etrangère, livre "L'épopée moderne de la légion" du Colonel Le Mire.
Consultez ici l'agenda des reconstitutions historiques.
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