80 ans de l'arrivée de Leclerc - 500 km de reconstit'

Le camping-car du Gaston
Le camping-car du Gaston

 

Et oui, encore un article sur les vacances du père Ladalle... 

 

Après des années à faire des campements, rencontrer le public en mode statique, je me suis laissé tenter par une rencontre "mobile" et "longue"... 500 bornes de Half-track sur une semaine.

 

Expérience unique, j'en garde des souvenirs de fous!

un taxi pour ecouche

Sur les traces de la 2db

Projet ambitieux monté par Edouard Callérot (et ses complices), président du VMH Anjou, il s'agissait de suivre au jour le jour les étapes exactes effectuées par Leclerc et ses hommes en ce début d'août 1944. 

Parti de Saint-Martin de Varreville le samedi 3 août 2024 pour rejoindre Ecouché dans la journée du 13 août, la colonne d'une cinquantaine de véhicules s'est frayé un chemin à travers la campagne normande et la Sarthe. Un périple de 500 km, fort en émotions!

 

Plus d'info sur le projet sur le site dédié: colonne-leclerc.com

Pour ceux qui débarquent, voilà les infos grand public sur la 2ème Division Blindée.

  

L'Histoire en Live: Tout au long de notre périple, Thibaud Ferrero, fin connaisseur de l'historique de la 2ème Division Blindée, nous a fait des points historiques sur les lieux mêmes des combats. Expérience incroyable que d'entendre le récit des combats en visualisant directement les champs, routes et villages ou cela s'est passé.

Voici d'ailleurs un ultra-condensé, pour resituer l'arrivée de la DB:

Fin juillet 1944, la 2 DB fait mouvement vers la côte sud de l’Angleterre pour rejoindre les ports d'embarquement. Direction les côtes françaises ! 

Elle débarque à partir du 1er août 1944 à Saint-Martin de Vareville. Après un rassemblement dans les champs autour du village de Vesly, elle fait mouvement vers le front de Normandie. Par un coup de faux elle atteint Le Mans le 9 août 1944.

A partir de cette date la division progresse en trois itinéraires. Alençon est libéré les 11-12 août. S’ensuivent des durs combats dans la forêt d’Ecouves puis la libération d’Argentan le 13 août. Elle atteint Rambouillet le 23 août, point de départ de la libération de Paris. Suivront les combats dans l’est de la France, la poche de Royan et enfin la victoire au nid d’aigle d’Adolf Hitler.

l'histoire vivante

tissu n'est plus dans iode

Les alsaciens de la colonne
Les alsaciens de la colonne

Partis de Strasbourg pour rejoindre la colonne, c'est bel et bien dans des véhicules civils que nous avons parcouru le chemin "inverse" de Strasbourg vers la Normandie. 

 

Travail, famille, insomnies nous ont fait rejoindre la colonne en cours de route, le lundi 5 août au soir à Vesly. D'abord "frustré" d'avoir manqué le départ depuis la côte, les nuits en bivouac, la chemise en laine, la pluie et les grosses chaleurs m'ont permis de relativiser.

les gars du rmt

Les 3 half-tracks de la colonne, affectés au RMT
Les 3 half-tracks de la colonne, affectés au RMT

Au sein de la colonne Leclerc, nous avons gonflé les rangs du RMT. Affectés à l'un des 3 Half-Track du dispositif, notre monture nommée "Les Cosaques", roulait avec le "Resistance" et le "Teruel" (vite renommé le "truelle" entre-nous).

 

Jean, "jeune et fougueux", portait littéralement plusieurs "casquettes". Calot du RMT sur le HT, ou béret du 501 RCC lorsque le char Montereau descendait de son porte chars.

 

 

Les copains du Resistance
Les copains du Resistance

Rencontre du 3ème type:

 

Vivant en véritable "microcosme" au sein de la colonne, nous avons très vite sympathisé avec les copains du RMT. 

 

Petite mise au point de 'l'OS (ordre serré) et nous voila partis comme un seul homme pour la marche au pas et le présenté armes lors des cérémonies.

 

Le soir venu, les HT disposés les uns à côté des autres, on montait nos HLM histo-compatibles.

Un mars et ça repart!
Un mars et ça repart!

La route? la ou on va on a pas besoin de route!

 

Plus de 500 bornes à avaler! Avec des véhicules récents, en général, y'a pas trop de galères. Avec des véhicules anciens, le voyage ne se fait pas seulement dans le temps, il se fait aussi dans le cambouis.

Pour nous, zéro soucis! Bon en fait ce sont nos conducteurs, Yann, David et Jean-Marie, qui ont grave gérés. Restant à leurs véhicules pendant qu'on était de cérémonie, tout au plus apprenait-on en remontant dans les HT qu'ils venaient de passer une heure sous le véhicule à démonter/remonter le convecteur temporel (je suis une tanche en mécanique, donc de toute façon ils auraient pu me raconter n'importe quoi).

La seule fois ou j'ai capté que c'était vraiment chaud d'avoir un véhicule ancien, c'est quand j'ai entendu que David freinait au frein à main alors qu'il nous suivait, gloups!

"Peccable": la réponse de Yann quand on lui demandait si tout allait bien.

Les Cosaques font de la Resitance
Les Cosaques font de la Resitance

le public au rendez-vous

Formidable rencontre avec le public, ce sont des centaines, voir des milliers de gens qui attendaient sur notre parcours pour venir nous saluer. Le long des routes, sous une chaleur écrasante, les personnes avaient planté parasols, chaises pliables et glacières en attendant notre passage. Les patients des maisons de retraite situées sur le parcours, nous attendaient eux aussi. Parfaitement alignés dans leurs fauteuils sur le trottoir, ceux qui le pouvaient nous faisaient signe de la main. Emotions!

Lors des arrêts dans les villes et villages, les gens venaient à notre rencontre. Combien d'enfants avons-nous soulevés pour qu'ils puissent faire la photo souvenir à la porte du HT! Des échanges incroyables avec un public intéressé.

Sur notre route, de nombreux drapeaux français ont été sortis pour l'occasion. Et que dire des cloches des églises sonnant à tout va alors qu'on traversait en "trombe*" le village. En bref, une "ferveur" autour de l'événement à laquelle je ne m'attendais absolument pas!

*lorsque vous êtes sur un véhicule "ouvert" aux 4 vents, même une allure de 30/40 km/h vous semble énorme. 

vous tiendrez jusqu'à ce qu'on vous relève...

Alors oui, tous les participants ont pris des congés pour prendre part à cette colonne, des vacances en somme! Sauf que je suis rentré plus fatigué de mes congés que je ne l'étais en partant... 

un rythme soutenu

Levé vers 7h (et quelques fois même bien avant le lever du jour), on remballe le bivouac, on embarque sur les HT et on roule pour atteindre la première étape de la journée. En général on y prenait le café/ptit-dej, avant de participer à une cérémonie à la borne de la voie de la 2DB. Puis départ sur les chapeaux de roues pour rejoindre la prochaine commune et la prochaine cérémonie. Très vite, pour ménager les hommes, des "roulements cérémonie" ont été mis en place. A tour de rôle, c'était un groupe des Spahis, un groupe du RMT , du RBFM etc. qui assurait la cérémonie. Pendant ce temps, les autres pouvaient observer la cérémonie, casser la croûte (des rations actuelles de l'armée française nous ont été distribuées) ou tout simplement se reposer dans les véhicules.

Les journées s'enchaînaient ainsi jusqu'à l'arrivée sur le lieu de bivouac, où la popote de la colonne nous servait le repas. Plus d'une fois nous sommes arrivés de nuit, tant les journées étaient chargées. Monter une tente individuelle de nuit à la lueur de la TL122, c'est fait (#galère).

Toucher du bout de l'ongle ce qu'ils ont vécu

Sur la route au petit matin... On essaye de finir la nuit.
Sur la route au petit matin... On essaye de finir la nuit.

Cela fait de nombreuses années que je traîne mes guêtres (et aussi mes bandes molletières) en reconstitution historique. Lorsque le public me pose la question du "pourquoi faire cela", je réponds que nous ne sommes pas là pour encenser la guerre, bien au contraire, mais pour garder en mémoire ce qu'ils ont vécu et sacrifié pour notre liberté.

Mon but principal étant le partage avec le public, l'expérience que j'ai vécu avec cette colonne va me permettre d'enrichir considérablement les échanges à venir sur les campements.

Heureusement, bien sûr, que l'on ne connaît pas la peur de mourir que pouvaient avoir les hommes de Leclerc (et tous les autres). C'est bien pour cela que je précise toujours qu'on ne touche que du bout de l'ongle ce qu'a pu ressentir un soldat en 1944.

 

Néanmoins, après (juste) 8 jours de vie en communauté et en plein air, j'imagine à quel point les hommes devaient attendre leurs permissions (outre le risque d'y laisser sa peau, bien entendu). 

 

La belle au bois Sergent!
La belle au bois Sergent!

Des journées harassantes:

Fondamentalement, on n'a pas fait "grand-chose". On s'est laissé promener (c'est surtout les conducteurs des véhicules qui ont morflé) et on a animé des cérémonies.

Toutefois, en ce qui me concerne, l'expression "sortir de sa zone de confort" a pris tout son sens.

Plus habitué à des journées café/clavier/souliers, le confort relatif du véhicule, les gaz d'échappements, le soleil, la pluie, le chaud, le froid, m'ont rapidement vidé les batteries (Olivier n'y était pour rien).

A cela on rajoute...: le bivouac et le dodo à la belle étoile dans le meilleur des cas, sous la "micro" tente individuelle quand il pleut; La toilette à la fraîche dans le casque, Le rasage à l'eau froide; L'opération pelle&trou (si si tu as bien compris).

 

En bref, il était bien fatigué le Gaston... Mais à choisir, je repars demain!

 

Ni bronzage, ni blackface, c'est juste la crasse après une grosse journée de route
Ni bronzage, ni blackface, c'est juste la crasse après une grosse journée de route

Scènes de vie quotidienne sur le thème des vacances en camping-car (plus de détails en cliquant sur les photos):

Marche au pas lors d'un défilé
Marche au pas lors d'un défilé

Cérémonies et défilés:

 

Expérience gratifiante que de pouvoir rendre hommage à ceux qui sont tombés lors de cérémonies près des monuments aux morts ou des bornes de la voie de la 2ème DB.

La présence de reconstitueurs en uniforme "anime" ces cérémonies et "motive" les foules à y participer. C'est aussi l'un des objectifs de la reconstitution historique, rappeler aux gens la présence d'un monument dans leur ville.

 

Garde à vous, présenter armes, défilé aux pas et discussion avec le public. Des moments très intenses et plaisants. Mais aussi fatiguant, surtout quand le soleil tape fort.

 

Quand t'es plus tout jeune et que t'as le bout qui pendouille - oui mon calot à déjà pas mal de bornes au compteur!
Quand t'es plus tout jeune et que t'as le bout qui pendouille - oui mon calot à déjà pas mal de bornes au compteur!

une aventure humaine

une ambiance incroyable

On improvise un Jenga
On improvise un Jenga

 

Une colonne d'une cinquantaine de véhicules et largement plus de 100 gugus. Des journées longues et fatigantes, une vie en groupe permanente... bref, une vie à l'opposé du métro/boulot/dodo quotidien. 

 

Pour autant l'ambiance au sein de la colonne a été excellente. Bien entendu, comme dans toutes organisations, y'a des moments ou les roulements coincent. Malgré cela, la bonne humeur était au rendez-vous et la mayonnaise a pris au sein de ce véritable Melting-pot de personnes issues de différents milieux tant sociaux que professionnels. 

on a le même chapeau

Beaucoup de monde dans la colonne, pas énormément de temps pour courir d'un véhicule à l'autre, ou tout simplement un peu trop casanier... je suis essentiellement resté avec les gars ayant le même chapeau que le mien.

J'ai tout de même eu l'occasion de sympathiser avec beaucoup de mes "semblables", qu'ils fussent déjà des "copains Facebook" (mais personnellement inconnu) ou de parfaits inconnus. L'intérêt pour l'Histoire, les discussions sur les rations et l'humour de "merde" permirent de lancer les réjouissances.

Je suis certain qu'il en était de même chez les "bonnets rouges" (les Spahis) ou autres" pompons rouges" (les marins du RBFM).

Quoiqu'il en soit, à la fin du trip, ce sont de très bons copains que j'ai quitté en leur disant "a très bientôt j'espère".

Quelques uns des bonnets rouges de la colonne:

les opérations "green water"

Les journées longues et fatigantes, les bivouacs souvent loin des commodités, une chaleur suffocante et des vêtements pour le moins "chauds" ont rapidement entraîné la surchauffe de certains. Le moindre pont que l'on traversait en véhicule au cours de la journée était marqué par des cris du type "rivièèèrrreee!". Tant et si bien que le lieutenant, en bon meneur d'hommes, s'enquit bien vite à chaque bivouac, de la présence d'un cours d'eau à proximité. 

S'en suivait une procession d'hommes en caleçons, serviette verte à la main s'en allant quérir la précieuse position de fraîcheur.  Bien entendu tous les cours d'eau rencontrés étaient "parfaitement" propres, limpides, exempt de pollution et à l'eau non stagnante... vous pensez bien!

Bob, le ragondin anxieux
Bob, le ragondin anxieux

La faune et la "flore":

Expérience pour le moins enrichissante qui donna lieu à des découvertes fascinantes, tant sur la faune que sur la flore (intestinale).

 

Saviez-vous par exemple que les ragondins, surpris par la présence d'humains dans leur milieu naturel, ont tendance à stresser? Et que ce stress se traduit par la défécation en milieu humide? Mais encore plus étonnant, ces petites boulettes flottent à la surface de l'eau! Procession singulière à observer lorsque vous êtes cul dans l'eau. Enfin à ce qu'on m'a dit... 

Jean à l'affût d'un point d'eau!
Jean à l'affût d'un point d'eau!

 

"L'iode du marais":

Les étangs sont particulièrement appréciés lorsqu'il n'y a rien d'autre. Intéressant de constater à quel point la couleur de l'eau s'approche de celle de nos combinaisons HBT ou autres caleçons (qui sont verts d'origine, je précise).

 

Un bout de savon, un bain dans l'étang et vous vous sentez revivre... Pour les poissons, vu notre crasse, c'est plutôt le contraire... Je déconne, ça fait bien longtemps qu'ils étaient déjà morts...

le jmo

JMO ou JM-lol?
JMO ou JM-lol?

Oui, il existe!

 

Un Journal des Marches et Opérations a été effectivement tenu!

 

Rempli d'une manière professionnelle par de parfaits professionnels, il a tourné entre plusieurs mains, plusieurs Half-Tracks...

 

Compte rendu des journées, anecdotes, brefs des "faits" récoltés tout au long du périple.

 

Bon à savoir, le mot FIN n'y figure pas et il reste des pages libres. Il resservira pour les prochaines colonnes Leclerc!

 

Après tout, il reste de la route à faire entre Ecouché et Strasbourg!


 

Quelle expérience extraordinaire! Du coup, je dois remercier un paquet de gens:

- L'orga: Merci les gars, y'a eu des couacs, c'est normal, mais ça reste un truc phénoménal!

- A Thibaud: c'est toi qui nous a entrainé la dedans!

- Les nouveaux copains du "Résistance", Bidou, Louis-Vic, Grégoire, Albin: merci pour votre motivation, votre bonne humeur et vos blagues de m... Hâte de vous revoir tous!

- A Yann: tu aurais pu faire passer ton HT dans le chas d'une aiguille! Merci pour ta conduite sans faille et ta promptitude au départ - ça vaut bien sûr aussi pour tes amis du 51!

- Aux amis de l'association Alsace-Lorraine 30-40: on repart quand?

- Au doc de la colonne: grand merci à toi!

- A tous les participants: j'ai causé avec certain d'entre vous, échangé quelques mots ou un regard, merci à tous d'avoir joué le jeu et d'avoir contribué à la réussite de ce projet.

- Et pour finir, spéciale dédicace à mon n.ami Lucas...

 

Gaston Ladalle

 

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