Thème déjà abondamment traité dans de multiples revues et autres publications, l’objectif de cet article est avant tout d'apporter un point de vue global sur l'évolution de la cartouchière au travers du XXème siècle.
Thème qui intéresse tant les collectionneurs que les reconstitueurs, nous nous cantonnons ici uniquement aux modèles en cuir et laissons volontairement de coté les versions en toile, coton ou nylon.
cuir, cuir, cuir... Soutache!
Héritées du XIXème siècle, les cartouchières en cuir de l'armée française ne vont pas évoluer dans leur conception et utilisation avant les années 1930.
Fonctionnant par 3, deux à l'avant et une dans le dos, la dorsale n'est pas vraiment pratique d'utilisation pour son porteur. Dernière représentante d'une doctrine d'évolution en ligne, elle est pensée à l'origine pour le camarade d'à côté qui viendrait y prélever les munitions en cas de besoin.
Les cartouchières pour fusils
La cartouchière modèle 1888
En cuir relativement souple, les cotés de la cartouchière font office de soufflet. Au dos, 2 passants de ceinturon et sur le haut, un anneau en fil de fer sur lequel vient se fixer le crochet des bretelles de suspension. Le rabat se termine par une patte de cuir munie d'une boutonnière. Cette dernière s'engage sur un bouton à gorge pour maintenir le rabat en position fermée.
Source photos: Bertrand Malvaux
Produite au cours de la guerre, elle a connue des variantes de production dont la plus courante est la fabrication simplifiée.
La cartouchière de confection simplifiée:
Similaire au modèle "type", la cartouchière de confection simplifiée est contemporaine à la première guerre mondiale. Sur la face avant la languette est fixée par 3 rivets pour accélérer le rythme de production. Sur l'arrière, les passants de ceinturon et l'anneau type fil de fer sont également rivés à la cartouchière.
La cartouchière modèle 1905
De conception similaire à la cartouchière 1888, la grande différence se situe à l'arrière, au niveau des passants du ceinturon. L'impossibilité d'enlever les cartouchières 1888 du ceinturon sans défaire l'ensemble du dispositif pousse à la création d'un passant unique et amovible pour cette nouvelle cartouchière. De forme triangulaire, la pointe de ce dernier, terminée par un anneau en fil de fer, s'enclenche sous un passant en cuir horizontal. Grâce à ce système, la cartouchière peut à tout moment être ôtée du ceinturon mais ne peut être utilisée sans bretelles de suspension, sous peine de se détacher et tomber.
La cartouchière modèle 1905 modifiée 1914
En tout point similaire à la cartouchière 1905, seule la couleur du cuir évolue avec la modification de 1914. Dorénavant elle est en cuir fauve fleur à l'extérieur.
La cartouchière modèle 1916
Très proche du modèle 1905, la modèle 1916 s'en distingue avant tout par sa couleur, cuir couleur fauve (de la modification de 1914) et son passant de ceinturon. Pour remédier au risque de voir le passant triangulaire s’échapper de sous le passant horizontal, la pointe du triangle est allongée de 2 cm. Cette pointe dépasse dorénavant clairement la patte horizontale et la cartouchière ne risque plus (ou moins) de se détacher de manière intempestive. Ci-dessous un exemplaire à l'état neuf daté 1940.
Fabriquée massivement au cours de la première moitié du XXème siècle, cette cartouchière a connue quelques variantes de production. En voici parmi les plus courantes.
La cartouchière de confection simplifiée:
Similaire au modèle "type", la cartouchière de confection simplifiée est contemporaine à la première guerre mondiale. Sur la face avant, la languette est fixée par 3 rivets et non cousue. Sur l'arrière, le passant de ceinturon peut également être rivé à la cartouchière (ici aussi il y'a différentes variantes de production).
La cartouchière à anneau en fer plat:
En tout point similaire au modèle type, l'anneau fil de fer est remplacé par un anneau en fer plat de forme équivalente. Simple variante de production au niveau du fournisseur d'anneaux.
La cartouchière à anneau demi-sphérique:
Similaire au modèle type, cette cartouchière est équipée d'un anneau demi-sphérique en lieu et place de l'anneau vrillé de type fil de fer pour les bretelles de suspension.
Le modèle suivant est daté 1940, il peut tout à fait s'agir d'une fabrication de circonstance suite à l'absence d'anneaux standards.
Néanmoins comme peut le laisser penser le modèle présenté ci-après, il pourrait aussi s'agir d'une modification spécifique pour le port d'un baudrier type officier.
Source photos: AS-GMO sur le forum Militaria 1940
La cartouchière modèle 1916 va faire une carrière extrêmement longue au sein de l'armée française. Des tranchées de la première guerre aux années 1960/1970.
Une (r)évolution certaine
Dès juin 1919 une commission chargée des futurs équipements du fantassin demande la suppression des courroies qui barrent la poitrine et l’allègement général du paquetage (source armée de terre). Cependant, une véritable réflexion quant à la charge du fantassin ne sera entamée qu'au début des années 1930.
Outre son ensemble ceinturon-cartouchières-bretelles de suspension, le soldat voit son torse barré par la courroie en cuir du bidon et celles en toile des 2 musettes 1892. La réalité du terrain ajoutant encore ses charges supplémentaires (courroie du fusil, havresac, masque à gaz...), les mouvements du soldat en sont d'autant plus réduits.
L'idée première des "nouveaux" équipements est de libérer la poitrine du soldat et de mieux repartir le poids des équipements sur les épaules au travers de l'ensemble ceinturon-bretelles de suspension.
La cartouchière modifiée 1934
Parue au bulletin officiel du 8 juin 1934, la modification a pour objectif de libérer le torse du soldat des sangles du bidon et des musettes qui l'entravent. A cette fin on monte un anneau demi-sphérique à la base de cartouchières 1916 (mais aussi 1888 ou 1905, au hasard des stocks). Seules 2 cartouchières sont portées à l'avant, la dorsale est remplacée par un passant-coulant (voir plus bas) également muni d'un anneau à sa base. Dorénavant le bidon et la musette se fixent directement, par mousqueton, sur ces anneaux.
Ci-contre les cartouchières modifiées 1934 portées.
Source photo: Touchon sur le forum Militaria 1940.
Ci-dessous une cartouchière modèle 1916 sur laquelle la modification de 1934 a été faite. A noter que l'anneau est bien positionné au centre et non "orienté" comme sur les cartouchières 34/36. Elle pouvait donc se monter indifféremment du coté gauche ou droit.
LA CARTOUCHIÈRE MODIFIÉE 1934/1936
L'utilisation sur le terrain des cartouchières modifiées 1934 démontre rapidement les limites de cette disposition. Le poids du bidon et de la musette fait glisser les cartouchières vers l'arrière du ceinturon, rendant l'ensemble extrêmement peu pratique. Pour y remédier, fin avril 1936, les cartouchières sont à nouveau modifiées. On les équipe de pattes de cuir permettant des les rendre solidaire l'une de l'autre. Une patte est munie d'une boutonnière, l'autre d'un bouton à gorge.
Ci-contre les cartouchières modifiées 1934/1936 portées.
Source photo: Touchon sur le forum Militaria 1940.
Ci-dessous les pattes en cuir pour les rendre solidaire l'une de l'autre sont bien visibles. A noter également, l’orientation oblique des anneaux à leur base, allant "dans le sens" de l'équipement que l'on y accroche. A noter ici qu'une des cartouchières est pourvue d'un anneau en fer plat pour la bretelle de suspension.
La cartouchière modèle 1935
Les expérimentations au niveau régimentaire des cartouchières modifiées 1934 ont été concluantes et ont aidé à la mise au point des nouvelles cartouchières du modèle 1935. De plus grand volume, on compense la cartouchière dorsale qui a disparu, ces cartouchières sont dès leur conception rendues solidaires l'une de l'autre par une patte de cuir. Ici aussi une des conséquences des essais sur le terrain des cartouchières modifiées 1934.
Ci-contre les cartouchières modèles 1935 portées.
Source photo: Touchon sur le forum Militaria 1940.
Fabriquée dans un cuir fauve souple, la cartouchière modèle 1935 se démarque clairement de la cartouchière modèle 1916 et s'inspire des modifications de 1934. Composée de 2 groupes de 2 cartouchières qui fonctionne par paire, une droite et une gauche, on peut y loger jusqu'à 90 cartouches modèle 1929 sur lames-chargeurs.
La grande poche de chaque groupe de cartouchière se place du coté de la boucle du ceinturon et se reflète, pour ainsi dire, avec celle de la 2ème cartouchière. Au dos, 3 passants pour le ceinturon et un dès en métal sur lequel vient se fixer la sangle des bretelles de suspension (à l'aide d'un ardillon). Au bas de la cartouchière, un anneau en métal sur lequel se fixe un mousqueton de l'un des autres équipements, bidon ou musette, de la collection 1935. Les 2 cartouchières, droite et gauche, sont rendues solidaires l'une de l'autre par des pattes d'arrêt à bouton (groupe de gauche) ou à boutonnière (groupe de droite) qui empêchent le glissement des cartouchières vers l'arrière.
Sur la face avant, les rabats sont maintenus fermés par une ou deux pattes de cuir prises sur des boutons à gorge situés à la base de la cartouchière. Ces pattes de cuir se prolongent sous le rabat en vue d'empêcher la chute intempestive des cartouches. Particularité qui s’avère handicapante sur le terrain.
Ci-dessous une cartouchière neuve qui permet d'apprécier la livrée originale du cuir.
La cartouchière modèle 1935/1937
Suite à l'utilisation sur le terrain des nouvelles cartouchières modèles 1935, des améliorations vont être apportées. Bien que faites très rapidement, dès 1935, ces modifications prennent la dénomination de "modification de 1937".
Ci-contre les cartouchières modèles 1935/1937 portées.
Source photo: Touchon sur le forum Militaria 1940.
Fondamentalement similaire au modèle 1935 initial, tant dans son fonctionnement par paire que dans sa présentation générale, les nouvelles versions se distinguent des précédentes sur les points suivants:
- le cuir souple est remplacé par un cuir rigide facilitant l'extraction des cartouches et améliorant l'aspect visuel des pochettes (elles ne s'écrasent plus sur elles-même).
- Les sangles en cuir destinées à empêcher la sortie intempestive des cartouches sont supprimées.
- Il n'y a plus qu'une seule patte de liaison, sur la cartouchière droite, qui vient s'enclencher sur un bouton situé à l'arrière de la cartouchière de gauche.
La cartouchière modèle 1945
A la fin de la seconde guerre mondiale, un nouveau modèle de cartouchière est à l'étude. La complexité des modèles 1935/1937, leur coût de production et leur "fonctionnement" par paire, comparé à la facilité et polyvalence d'utilisation des cartouchières du modèle 1916, poussent l'intendance à se tourner vers un modèle plus simple et moins coûteux.
2 modèles coexistent : en cuir souple et en cuir rigide à soufflet
En cuir souple, la cartouchière se compose de 2 compartiments de taille identique. Au dos, 2 passants en cuir pour le ceinturon. Sur le haut, pour accrocher les bretelles de suspension, un simple anneau demi-sphérique en métal, beaucoup plus simple à fabriquer que ses prédécesseurs. A l'intérieur, dans chaque compartiment, une languette de cuir facilite l'extraction des lames-chargeurs.
Les cartouchières en cuir souple semblent néanmoins avoir très vite cédé leur place à celles en cuir rigide, en effet elles ne sont jamais visibles sur les photos d'époque (avis à mes lecteurs) et les dates observées sur ces cartouchières, quand elles sont datées, sont toujours 1945/1946.
En cuir rigide, elles sont fondamentalement similaire à celles en cuir souple. Une découpe est pratiquée dans le cuir, en lieu et place de la lanière de l'autre version. Cette découpe facilite l'extraction des munitions et permet également le logement des boîtiers chargeurs du FSA 1944. Ci-contre un exemplaire précoce fabriqué en avril 1945 (photo Mokko le résistant).
Il existe deux variantes pour cette version : une avec rabats cousus sur le verso (précoce, c'est aussi le cas de la version en cuir souple) et l'autre plus récente constituée d'une seule pièce de cuir pour les rabats et le verso (photo ci-contre).
Celle avec les rabats cousus sur le verso est en partie fabriquée en Allemagne au titre des dommages de guerre, 2 fabricants connus à ce jour : Bollmann & Co à Tuttlingen et Carl ACKVA à Bad Kreuznach) dans les années 1946/1947. Le modèle d'une seul pièce semble quant à lui n'avoir été produit qu'à partir de 1951. (Photos et texte Mokko le résistant)
Cartouchières modèle 1945 en cuir rigide, variantes de production:
Relevant plus de l'ordre de l'anecdote que d'une réelle variante de production, ces cartouchières modèle 1945 en cuir rigide sont équipées de dés en métal du type équipement modèle 1935 pour fixer les bretelles de suspension. Certainement un ancien fabricant de cartouchières modèle 1935 et 1935/1937 qui à dû en profiter pour écouler ses stocks.
Cartouchières modèle 1945 en cuir chromé jaune:
Similaire au modèle 1945 standard, la différence principale réside dans l'emploi d'un cuir chromé jaune apparu au début des années 1960. Le cuir de l'anneau demi-sphérique est fixé à l'aide de rivets et non plus par couture.
Cette cartouchière a connu des variations de couleur supplémentaires. Outre le cuir chromé jaune, un cuir vert a été testé, mais apparemment pas retenu. Une version en cuir noir existe, peu répandue il s'agit a priori d'une version pour l'armée de l'air.
Ci-dessous les différents coloris de la cartouchière 1945: brune, verte (ici avec son talc de stockage), jaune et noir.
On récapitule...
Type | Nombre par homme | Période d'utilisation |
1888 | 3 | Première guerre, 1939/1945, voir plus, au hasard des stocks |
1905 |
3 |
Première guerre, 1939/1945, voir plus, au hasard des stocks |
1916 | 3 | De 1916 aux années 1960 |
modif. 1934 | Une paire et 1 passant coulant mod. 1934 | 1934/1936 voir 1939/1940 (au hasard des stocks) |
modif. 1934/36 | Une paire et 1 passant coulant mod. 1934 | 1936/1945 |
1935 | Une paire et 1 passant trapézoïdal mod. 1935 | 1935/1940 |
modif. 1935/37 | Une paire et 1 passant trapézoïdal mod. 1935 | 1935/fin des années 40 (exceptionnellement) |
1945 | 2 et 1 passant trapézoïdal mod. 1945 | Fin des années 1940 |
modif. 1945/49 | 2 et 1 passant trapézoïdal mod. 1945 | Des années 50 aux années 1960/1970 |
Les porte-chargeurs pour Pistolets-mitrailleurs
Le porte-chargeurs pour le PM 1938
L'adoption en 1940 du pistolet mitrailleur MAS 1938 entraîne la création d'une cartouchière adaptée aux chargeurs de l'arme. Ce nouveau porte-chargeurs est fabriqué dans la lignée de l'équipement modèle 1935, nouveau et moderne. PC unique (il ne fonctionne pas par paire), il se porte du coté gauche (celui du bras gauche) en complément d'une cartouchière 1935 ou 1935/37 sur le coté droit. La patte d'arrêt du porte-chargeurs se fixe sur celle de la cartouchière. Au dos, un unique passant de ceinturon, un anneau pour les équipements modèles 1935 et un dés pour fixer la bretelle de suspension.
porte-chargeurs MODIFIÉ 1945 pour le PM 1938
Encore anecdotique au cours de la seconde guerre mondiale, le PM MAS 1938 sera véritablement utilisé au cours de l'immédiat après-guerre, en Indochine, en Algérie puis dans la gendarmerie. Le porte-chargeurs du type 1935 va être modifié dans l'idée des cartouchières du modèle 1945, de conception et d'utilisation très simple.
Au dos un double passant de ceinturon et un anneau type fil de fer pour les bretelles de suspension. Fonctionnant par paire, elle est cependant très peu observée sur le terrain. Il n'est d'ailleurs pas rare de la trouver neuve de stock avec des tampons de la fin des années 1940.
En noir, la version gendarmerie suivie de la version armée de l'air.
porte-chargeurs pour le PM 1949
Le développement du nouveau pistolet mitrailleur de l'armée française, le MAT 1949, entraîne la création d'un porte chargeurs spécifique, dédié aux chargeurs longs.
Fonctionnant par paire, ils sont fabriqués dès 1949 et feront une longue carrière au sein de l'armée. Ils existent également en cuir noir pour l'armée de l'air et la gendarmerie.
Ci-contre, des portes-chargeurs premier type portés.
Porte-chargeurs de MAT 1949 de premier type:
De conception sensiblement similaire au porte-chargeurs modifié 1945 pour le PM 1938, le porte-chargeurs modèle 1949 est plus long, adapté aux chargeurs du nouveau PM MAT 1949. Au dos, 2 passants de ceinturon et l'anneau type fil de fer pour fixer les bretelles de suspension. Sur la face avant le rabat s'enclenche sur une boucle en métal dans laquelle s'enfile une languette de cuir qui maintient l'ensemble fermé.
Le même porte-chargeurs dans sa version noire, destinée à l'armée de l'air et la gendarmerie.
Porte-chargeurs de MAT 1949 de deuxième type:
Egalement en cuir fauve, ce deuxième modèle est similaire au modèle précédent. La seule différence est la possibilité de choisir entre 3 hauteurs sur le ceinturon.
Le même porte-chargeurs dans sa version noire, destinée à l'armée de l'air et la gendarmerie.
A partir de 1960 les porte-chargeurs sont également fabriqués dans un cuir chromé jaune.
on recapitule...
Type | Nombre par homme | Période d'utilisation |
PC mod. 1935 | 1PC, 1 cartouchière mod. 1935, 1 passant trapézoïdal mod. 1935 | De 1939 à la fin des années 1940 |
PC mod. 1935/45 |
2 PC et 1 passant trapézoïdal mod. 1945 |
De la fin des années 1940 aux années 1970 (en gendarmerie notamment) |
PC mod. 1949 | 2 PC et 1 passant trapézoïdal mod. 1945 (ou une UC) | De 1949 aux années 1970 |
Les porte-chargeurs pour fusils-mitrailleurs
Les porte-chargeurs du FM CSRG modèle 1915
Le fusil-mitrailleur CSRG modèle 1915, dit Chauchat, entre en service actif en mars 1916. Ses chargeurs sont particulièrement fragiles, sujets à l'encrassage et leur forme en demi-lune nécessite la mise au point d'un porte-chargeurs spécifique.
Les porte-chargeurs du 1er modèle:
Fonctionnant par paire, les porte-chargeurs sont en cuir épais et permettent de loger 2 chargeurs en tôle par étui. Le rabat est maintenu fermé par une patte de cuir prise sur un bouton à gorge. Au dos, un large passant de ceinturon et un anneau type fil de fer pour les bretelles de suspension.
Ci-dessous des photos de reproduction de porte-chargeurs, faute de mieux.
Source photos: le fourrier
Les porte-chargeurs du 2ème modèle:
L'utilisation sur le terrain des porte-chargeurs montre très vite les limites de ces derniers. Le tir en position couché ou le fait de ramper entraîne leur glissement vers l'avant. Dès la fin de l'année 1916 il est préconisé de relier les porte-chargeurs entre-eux, par le dos du soldat, afin qu'ils demeurent en place.
Le nouveau modèle apparaît en 1917 et intègre une sangle en cuir qui passe dans le dos du soldat pour lier les étuis entre-eux.
Ci-dessous des photos de reproduction de porte-chargeurs, faute de mieux.
Source photos: le fourrier
La cartouchière porte-pistolet
LA cartouchière modèle 1916
De forme très proche de la cartouchière modèle 1888, la cartouchière porte-pistolet est légèrement plus large, 19 cm au lieu de 15 cm. En cuir fauve, le dos est muni de 2 passants pour le ceinturon et d'un anneau fil de fer pour les bretelles de suspension. A l'intérieur, 2 logements pour les chargeurs du pistolet.
Prévue pour les armes de poing de petite taille du type Ruby, elle est destinée à être portée en position dorsale par les tireurs de fusils-mitrailleurs.
Les cartouchières spécifiques
Les cartouchières de Gendarmerie
Le gendarme, au même titre que le soldat, se voit équipé de cartouchières pour y loger les munitions de son arme. Pendant longtemps spécifique au corps de gendarmerie, la cartouchière du gendarme évoluera à la fin des années 1920 vers un modèle proche de celui des fantassins. Bon à savoir, la teinte des équipements de la gendarmerie a évolué au cours du XXème siècle. En cuir noir, les équipements deviennent fauve en 1915 avant de redevenir noir à partir de 1957.
cartouchière modèle 1889 modifiée 1904
Fabriquée dans un cuir rigide, la cartouchière possède deux passants de ceinturon au dos et une patte de fermeture. L'ouverture du rabat se fait vers l'extérieur, ne facilitant pas l'extraction des munitions. Sur la face avant la bombe spécifique permet d'identifier au premier coup d’œil l'uniforme.
cartouchière modèle 1927
Spécifique à la gendarmerie, cette cartouchière est en réalité une cartouchière modèle 1888 dépourvue d'anneau fil de fer pour fixer les bretelles de suspension. Tout comme sa consœur la cartouchière modèle 1916 de l'infanterie, la cartouchière en cuir modèle 1927 fera une très longue carrière dans la gendarmerie, jusqu'aux années 1990. Fabriquée tout au long de cette période, elle est passée du cuir fauve au cuir noir en 1957.
Cartouchière modèle 1927 noire:
En tout point similaire au modèle en cuir fauve, seule la teinte du cuir change, trahissant une production post 1957.
Cartouchière modèle 1927 en buffle blanc:
Similaire au modèle initial, cette cartouchière est destinée à la parade dans la garde républicaine.
Les cartouchières de cavalerie
A l'entrée en guerre en 1914, la cartouchière modèle 1891 est encore largement rencontrée bien qu'une cartouchière plus récente existe.
Par la suite les cartouchières spécifiques à la cavalerie seront délaissées et le cavalier de 1939 sera équipé de modèles toutes armes, 1916 ou 1935.
Ci-contre, un article de 1910 faisant état de tests d'une nouvelle cartouchière qui n'a apparemment pas fait ses preuves, sinon on le saurait...
cartouchière modèle 1891
Confectionnée dans un cuir fauve rigide, la cartouchière 1891 est de forme cintrée et se ferme par 2 pattes latérales. Le rabat de la cartouchière s'ouvre vers l'avant et pend ainsi dans le vide.
Cartouchière modèle 1891 modifiée 1897
Identique à la 1891, une 3ème patte de fermeture est ajoutée directement sur le couvercle, en position centrale.
Source: forum la grande guerre
CARTOUCHIÈRE MODÈLE 1891 MODIFIÉE 1899
En 1899, malgré l'apparition des nouvelles cartouchières modèle 1898, une dernière modification est apportée à la vieillissante 1891. Comme sur la 1898/01 (voir ci-dessous), une patte latérale est ajoutée afin de pouvoir la fixer au ceinturon et éviter qu'elle ne glisse vers l'arrière. Sur l'exemplaire ci-dessous, cette patte latérale supplémentaire est repliée, de longue date, sur le bouton à gorge de la patte de fermeture droite. Patte sans doute jamais utilisée faute de ceinturon équipé d'un bouton à gorge.
Source: forum la grande guerre
cartouchière modèle 1898
Adoptée en septembre 1898, la nouvelle cartouchière est similaire à la cartouchière 1888 des troupes à pieds. Ses dimensions sont 115 x 165 mm contre 130 x 152 mm pour la cartouchière d'infanterie. Dernière différence, elle ne possède pas d'anneau type fil de fer pour fixer les bretelles de suspension.
cartouchière modèle 1898/01
La modification de la cartouchière de cavalerie modèle 1898 consiste en le rajout d'une patte en cuir latérale. Celle-ci doit venir se fixer sur un bouton à gorge situé sur le ceinturon. Ainsi fixée, la cartouchière reste en place malgré les mouvements du cavalier sur son cheval. Cependant il semblerait que le bouton à gorge spécifique n'ait jamais été rajouté au ceinturon de cavalerie...
Source: forum la grande guerre
Cartouchière modèle 1898/01 modifiée 1913
Identique au modèle précédent, une légère échancrure est faite sur le sommet de la patte de fermeture.
La cartouchière du train des Équipages militaires
Cartouchière modèle 1901
Cartouchière en cuir fauve avec 4 compartiments pour les lames chargeurs. Un unique passant de ceinturon au dos. Le rabat du couvercle est maintenu fermé par une languette de cuir prise sur un bouton à gorge. La banderole en cuir fait de cette cartouchière la digne descendante des gibernes cartouchières du conflit précédent.
Cartouchière modèle 1912
Identique au modèle 1901, la banderole est supprimée et 2 passants de ceinturon prennent place dans le dos.
Source: forum la grande guerre
La cartouchière d'artillerie
Cartouchière modèle 1892
N'ayant vocation à mener des combats d'infanterie, l'artilleur est doté d'un approvisionnement restreint en munitions. La cartouchière modèle 1892 est de confection simple, un large passant de ceinturon au dos et une languette cuir qui ferme le rabat sur un bouton à gorge. Elle permet de stocker deux chargeurs de cartouches.
Source photos: Bijoux66 sur le forum MC3
Ci-contre, une vue sur la séparation interne de la cartouchière. En cuir épais, elle était bien souvent enlevée pour faciliter l'extraction des clips de munitions.
Cartouchière modèle 1892 modifiée 1915
En tout point similaire à la précédente, le changement se situe au niveau de la teinte du cuir qui est dorénavant fauve.
Les passants de ceinturon
Nous ne pourrions être complet sur le thème des cartouchières en cuir sans évoquer les nombreux passants de ceinturon qui ont évolué en parallèle des cartouchières au cours du XXème siècle. Après tout, leur destination première est de remplacer la cartouchière dans son rôle de maintien des bretelles de suspension.
Le passant dorsal simple
Décrit au bulletin officiel du 1er septembre 1916, ce passant dorsal est de conception simple. Une bande de cuir d'une largeur de 25mm qui maintient un anneau fil de fer pour la fixation des bretelles de suspension.
A l'origine destiné aux cavaliers équipés uniquement d'une cartouchière et d'un étui de revolver, son utilisation va s'étendre aux sous-officiers équipés dans les mêmes conditions.
Le passant modèle 1934
La modification apportée en 1934 au havresac modèle 1893 permet le port de ce dernier en position lombaire, c'est à dire beaucoup plus bas dans le dos. La cartouchière dorsale perd de ce fait son accès et son utilité. Elle est remplacée par un passant coulant permettant d'accrocher les bretelles de suspension sur l'arrière du ceinturon. Dans le même temps, ce passant doit supporter les équipements (gourde et musette) qui ont perdu leurs courroies et viennent se fixer à l'aide de mousquetons aux anneaux de cartouchières (voir plus haut les cartouchières modifiées 1934). Taillé dans la courroie de la gourde désormais inutile, ce passant présente un anneau fil de fer sur le haut et un anneau demi-sphérique sur le bas.
Le passant trapézoïdal modèle 1935
Développé conjointement aux nouvelles cartouchières de la collection modèle 1935, sa forme en trapèze permet un meilleur maintien sur le ceinturon que le passant coulant modèle 1934, qui à tendance à glisser d'un coté ou de l'autre. Muni d'un anneau fil de fer sur le haut, la base possède 2 anneaux demi-sphériques destinés à l'accrochage de la musette et du bidon.
LE PASSANT TRAPÉZOÏDAL MODÈLE 1935 modifié 1945
Avec l'apparition des nouvelles cartouchières modèle 1945, les anneaux demi-sphériques présents sur le passant modèle 1935 deviennent inutiles. Le "nouveau" passant trapézoïdal en est tout simplement dépourvu. Le reste est identique.
Certains passants modèle 1935 ont été littéralement modifiés en modèle 1945. Les anneaux ont tout bonnement été enlevés. Rien ne se perd...
Des passants du modèle 1935/1945 ont été équipés de dés du type modèle 1935 en lieu et place de l'anneau fil de fer standard. Il s'agit très certainement d'une production de circonstance pour écouler les stocks de dés restants.
Source photo: France 1940 sur le forum MC3
Passant modèle 1945 en cuir noir pour la gendarmerie et l'armée de l'air.
Comme pour le reste de l'équipement, une version du passant en cuir chromé jaune apparaît en 1960.
La pochette pour unité collective
Pouvant être confondue avec une cartouchière et, à l'origine, destinée à remplacer le passant dorsal de ceinturon, nous survolons ici les trousses en cuir pour les nécessaires de nettoyage des armes automatiques.
A la fin des années 1940, la généralisation des armes automatiques et semi-automatiques (MAT 1949, MAS 1949) s'accompagne de la distribution d'une pochette destinée au nécessaire de nettoyage.
Ci-contre, un aperçu des teintes des ces pochettes. Du cuir fauve clair, cuir fauve plus foncé et cuir chromé jaune (à gauche).
La première version
Apparue certainement en même temps que les porte-chargeurs 1935/1945 du PM 1938, elle est fabriquée sur le même modèle que ces derniers. A l'avant le rabat se ferme en s'emboitant sur un passant en métal dans lequel s'engage une languette de cuir pour maintenir le tout en position fermée. A l'arrière, un seul passant pour le ceinturon surmonté d'un anneau type fil de fer pour les bretelles de suspension. Cette pochette est destinée à être portée en lieu et place du passant de ceinturon modèle 1935/1945, en position dorsale.
La deuxième version
A une date pour le moment indéterminée, vraisemblablement au cours des années 1950, la pochette pour nécessaire de nettoyage a subi une modification. L'anneau type fil de fer n'est plus monté, très certainement du fait de l'inutilité de ce dernier, les soldats ne le plaçant pas à l'arrière du ceinturon en lieu et place du triangle.
A partir des années 1960, le cuir chromé jaune est utilisé pour confectionner l'UC.
Les cartouchières pour la reconstitution historique
Vous venez de survoler 1 siècle de cartouchière, vous savez maintenant laquelle utiliser en fonction du thème que vous souhaitez représenter.
- Évitez d'utiliser du matériel original -
Comme je le préconise toujours, évitez au maximum d'utiliser du matériel original. En matière de cartouchière, tous les modèles première et seconde guerre mondiale ont été refabriqués pour la reconstitution historique. Bien entendu, une cartouchière originale trouvée à 1 euro en marché aux puces est moins chère qu'une copie achetée sur Internet... mais elle a déjà 100 ans dans la tronche et n'attend qu'une seule chose, c'est que vous fassiez les premiers mouvements sur le terrain pour tirer sa révérence... dommage.
Vous faites de l'Indochine, Algérie? Bon effectivement les cartouchières ne sont pas encore copiées, les stocks sont encore nombreux... On en reparlera dans 30 ans!
Gaston Ladalle
Merci à Mathieu, Clément, Baptiste, Denis, Nicolas, François, Eric, JB, Tomtom, Antoine et Vincent pour leur aide.
Sources: manuel du gradé d'infanterie 1939 (Galica), notice sur le pistolet mitrailleur modèle 1938 de 1941 (Galica). Livres: le soldat français d'O. Bellec, les fantassins de la grande Guerre de C. Guillemet, la légion étrangère en Indochine/Algérie de R. Guyader.
Photos: collections privées des personnes citées ci-dessus, forums de collectionneurs (photos sourcées) et sites d'annonces de ventes (à ce titre, si vous reconnaissez vos photos, n'hésitez pas à me contacter afin que je les source).
Consultez ici l'agenda des reconstitutions historiques.
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jean-marc femenias (dimanche, 25 juillet 2021 22:20)
Bonjour,
Félicitation pour votre article qui n'a pas d'équivalence à ma connaissance.
j' ai eu l'opportunité de trier un stock de brellages fr. outre la cinquantaine de variantes répertoriées, j'ai récupéré des triangles dont la grande base est étroite par rapport au modèle 1935 modifié 1945 à 1960. Ce modèle s'insére bien entre les passants de cartouchière non pourvue d' anneau. Je m'avance pour une solution de maintien du ceinturon avec cartouchières type simplifié.
Je reste à votre disposition pour plus de renseignements.
Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.
Jean-Marc Féménias.
jean-marc femenias (dimanche, 25 juillet 2021 23:03)
Je me permets de revenir sur le sujet des brelages fr. et des variantes dont je doit préciser qu'il s'agit des éléments comme les rivets, rivets et coutures ou coutures simples.
Gaston Ladalle (mercredi, 28 juillet 2021 22:14)
Bonjour, merci pour votre message.
Un article sur les brelages français est prévu, faut juste que je trouve le temps de me pencher sur l'affaire. Je suis néanmoins très intéressé par un échange avec vous à ce sujet. N'hésitez pas a me contacter par mail: contact@reconstit.fr
Au plaisir
Cdt
Gaston Ladalle
Marc DUPONT (mardi, 18 avril 2023 13:28)
On se rend compte, à la lecture de votre excellent article sur les brelages français, du caractère conservateur de nos institutions, notamment l'armée. Ainsi, dans les années 80, les unités encore dotées du FSA 49/56 ( c'était le cas dans mon regiment en 1982/83 ) avaient un brelage quasi inchangé, hormis la couleur, par rapport aux "Poilus" de 1914 !... Pas étonnant qu'un officier étranger en stage en France avait déclaré, à ce qui nous avait été rapporté, que notre équipement "datait" quelque peu ...
La Cartouche en Cuir (vendredi, 18 octobre 2024 20:53)
Petite mise à jour, personnellement je refais de l'équipement après guerre (fauve), donc désormais les reproductions existent ! �