Commençons par le plus simple pour définir l'âge de votre briquet...

Il est en plastique, à gaz, il est donc post 1970.  C'est en effet en 1972 que la célèbre firme BIC lance les premiers briquets en plastique et jetables.

C'est au début du XXème siècle, en 1903, que le chimiste autrichien Carl Auer von Welsbach invente la pierre à briquet après avoir mis au point le férrocérium. Allié à une molette dentée lui "arrachant" de puissantes étincelles, ce procédé fût très vite employé dans la fabrication de briquets. La première guerre mondiale et son artisanat de tranchée va fortement contribuer au développement de l'utilisation de la pierre à briquet. Les briquets "modernes" sont lancés.

L'utilisation du terme "amadou" pour les briquets munis d'un cordon de coton est en fait erronée.  Il n'y a plus rien de l'amadouvier, le champignon, dans ce briquet. Seule l'habitude ou la tradition a fait que ce terme a perduré. La mèche de coton est en fait saturée de chromate de plomb et fonctionne par incandescence, c'est à dire qu'elle ne produit pas de flamme. 

Ce briquet est particulièrement apprécié des fumeurs de pipe, car l'absence de flamme évite de brûler sa pipe et son doigt.

L'utilisation du briquet à amadou baissera en même temps que l'utilisation de la pipe, après la première guerre mondiale.

La mise au point de la pierre à briquet et la première guerre mondiale vont contribuer à la démocratisation du briquet à essence. Dans les tranchées, certains soldats fabriquaient eux-même leurs briquets et les modèles existants n'avaient de limite que l'imagination de leurs concepteurs. Des briquets manufacturés existaient également dans le commerce et leur production industrielle s'accentua après la guerre. 

France 1935, Henry Pingeot dépose un brevet pour un petit réservoir à gaz. Marcel Quercia, fabricant de briquets, va utiliser le brevet Pingeot pour créer et commercialiser le premier briquet à gaz en 1936. Avec une diffusion encore marginale sur le marché, le briquet à gaz va être amélioré au cours de la guerre pour aboutir à la diffusion des briquets "Gentry" (modèle de table) et "Crillon" (modèle de poche) à la Libération.

Petite révolution par rapport aux briquets à essence (ou autre), la simple ouverture du briquet permet d'enflammer le petit filet de gaz ainsi libéré. Une fois vide, on se rend chez le buraliste qui vous le recharge pendant que vous achetez vos cigarettes.

Ci-contre une publicité de 1947 pour un briquet à gaz nommé Commodore et vendu sous la marque Quercia.

Plus d'infos sur La saga Quercia

Voici enfin un élément concret qui nous aide dans la datation d'un briquet. Cet impôt est entré en vigueur en 1911 pour être levé en 1945.

Donc, si votre briquet est estampillé, il est forcément d'après 1910 et d'avant 1946. 

On peut toutefois encore affiner la datation en fonction du modèle de plaquette.

La première version de cette dernière est en cuivre et porte la date de 1911. Elle sera utilisée entre 1911 et 1916 (toujours la même plaquette 1911), voir même un peu plus tard en fonction de l'écoulement des stocks locaux.

La deuxième version de plaquette apparaît en 1916 et reste la même jusqu'en 1945. Elle présente les lettres CI pour contributions indirectes, le profil de Mercure et la mention "Ministère des finances".

Très décriée, cette taxe est sujette à fraude en tout genre et des briquets non estampillés circulent.  Les contrevenants pris sur le fait sont systématiquement mis à l'amende.

Autre élément permettant de "situer" votre briquet, c'est la présence d'un brevet SGDG. Cette mention signifie qu'un brevet a été déposé, Sans Garantie Du Gouvernement, c'est à dire que ce dernier n'engage pas sa responsabilité et que le dépôt de brevet n'a fait l'objet que d'un simple examen de forme. Apparue avec la loi de 1844, cette mention disparaît en 1968.

Évidement si son précédent propriétaire nous facilite le travail avec une quelconque inscription, c'est d'autant plus simple à dater...

Dater un briquet est difficile et certains modèles ont été fabriqués sur plusieurs décennies. Les éléments vus plus haut permettent de définir (vaguement) une période probable, les catalogues ci-dessous permettent d'affiner. 

Briquet à amadou de marque Seron Besançon. Sa particularité réside dans son mécanisme d'horlogerie. Tourner l'anneau entraîne une meule émeri qui frotte une pièce d'acier et génère des étincelles. Ce système d'allumage n'est pas soumis à la taxe des contributions indirectes, d'ou l'absence d'estampille.

Son équivalent est présent au catalogue 1914 de la manufacture de Saint-Etienne sous le nom de briquet Phénix.

De marque l'Aquilon Paris, il faut tirer sur la petite boule en métal pour remonter la mèche de coton au niveau de la molette. L'action de la molette sur une pierre à briquet enflamme la mèche.

L'estampille est bien présente.

Briquet "brise-vent" à essence. Il est possible de faire monter ou descendre la mèche à l'aide du poussoir et la mettre ainsi à l'abri du vent. Breveté S.G.D.G., l'estampille est bien visible.

Briquet à essence dont l'estampille est soudée sur le flanc. Pas de marquages visibles. 

Modèle de briquet à essence dont la place de l'estampille a été prise en compte dès la conception. Unique marquage au "cul", les numéros de série 7563 pour le modèle strié et 7585 pour le modèle lisse.

Briquets à essence de forme cylindrique. Sans marquage et trouvés en marché aux puces en Alsace, ils pourraient tout aussi bien être allemands. De quand? Si français, d'après 1945 (pas d'estampille). Si allemand, ils peuvent être plus anciens.

Briquets à essence de confection très simple et difficilement datables. Ils n'ont pas d'estampille donc à priori post 1945. Mais, ce n'est pas une règle absolue, de nombreuses personnes utilisaient des briquets sans pour autant avoir payé la taxe. 

Bref indatable...

Briquet à essence "souvenir". Typique des breloques achetées dans les magasins de souvenirs au bord des routes de vacances, ce briquet "borne routière", sans marquage fabriquant, pourrait dater des années 1960. 

Vous avez décidé de franchir le pas pour votre prochaine sortie? Aux orties votre briquet jaune flash! Mais quel modèle prendre?  Différent en fonction du thème reconstitué?

Pas forcément...

Vous l'aurez noté, j'ai fait l'impasse sur les briquets étrangers (allemands, américains...) faute de doc et d'exemples probants. Mais peu importe, pour votre sortie de reconstit' je vous conseille de partir sur un modèle de briquet à essence relativement neutre dans sa forme, du type de ceux classés "indatable" plus haut sur cette page. Et cela, quelque soit le thème reconstitué (1914/1962).

Personnellement je laisserais ceux avec estampille sur les étagères de la collection, à moins que vous souhaitiez absolument faire une photo gros plan en train de vous allumer une cigarette (sans filtre ou roulée...).

Pour trouver votre briquet, comme d'hab, adressez-vous à mémé Ginette ou parcourez marché aux puces et autres sites de vente en ligne.

Autre alternative, les allumettes.

Pour cacher les boites au couleurs vives, il existe des étuis dans lesquels se glissent les boites. Y'a plus qu'à!